L'étude Climsnow réalisée à La Rosière aborde des sujets techniques complexes liés au climat et à l'enneigement. Présenter les résultats bruts de cette étude n'aurait que peu de sens, car seuls les spécialistes pourraient véritablement les interpréter. C'est pourquoi la présentation choisie est une FAQ, permettant de rendre les informations qui suivent accessibles et compréhensibles à tous.
L'étude CLIMSNOW® est basée sur une méthodologie de projections climatiques de l'enneigement développée par Météo-France, l'INRAE (Institut National de Recherche pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement) et Dianeige (bureau d'étude spécialisé dans les projets d'aménagement touristique en montagne) et mise au point dans le cadre de différents projets de recherche au niveau national et européen.
Les résultats présentés dans ce rapport représentent donc l'état de l'art en matière de projections climatiques de l'enneigement pour les stations de ski en France.
Figure 1 : Les projections climatiques dépendent des scénarios d'émissions de gaz à effet de serre.
CLIMSNOW® offre une perspective sur les conditions d'enneigement naturel et géré (tenant compte du damage et de la production de neige) à court terme (jusqu'à 2050), mais aussi post-2050, selon plusieurs scénarios d'émissions de gaz à effet de serre utilisés par le GIEC. Parmi les indicateurs nivo-météorologiques qui ont été calculés et analysés, le focus est mis surtout sur les indices de fiabilité de l'enneigement, les durées d'enneigement annuelles et les modalités de la production de neige de culture.
• La méthodologie de CLIMSNOW® est centrée sur l'étude des domaines skiables et de leur "fiabilité" en termes de conditions d'enneigement pendant la saison d'hiver, et sans préjuger de l'évolution de la disponibilité de la ressource en eau pour la production de neige.
• Pour terminer, l'étude CLIMSNOW® ne se focalise que sur les aspects liés à l'évolution du climat (évolution des températures, enneigement, etc.). Afin d'opérer des choix avisés sur les investissements à faire et les projets à retenir, il faudrait croiser ces informations avec d'autres éléments de nature notamment économique et environnementale.
Les modèles indiquent que les conditions d'enneigement correspondant à des saisons défavorables passeront d'une fréquence d'environ 30% en 2020 à environ 50% en 2050 (neige naturelle damée, scénario RCP8.5 = le plus défavorable du GIEC soit + 4.5 degrés en 2100).
Les 3 plus mauvaises saisons sur 10 à La Rosière sont des saisons où on skie sans difficulté pendant 4 mois. Ci-dessous, les 3 plus mauvaises saisons relevées à La Rosière sur les 15 dernières années :
Saison | Cumul de Neige* | Hauteur Moyenne Neige** / Bas Station | Hauteur Moyenne Neige** / Haut Station |
---|---|---|---|
2008/2009 | 357 cm | 65 cm | 166 cm |
2010/2011 | 215 cm | 37 cm | 96 cm |
2014/2015 | 427 cm | 69 cm | 139 cm |
*Cumul de neige = total des chutes de neige entre le 15 décembre et le 20 avril (période d'exploitation du domaine skiable pendant laquelle les relevés sont effectués)
**Hauteur moyenne de neige = relevé moyen entre le 15 décembre et le 20 avril de la hauteur de neige, à la perche (neige naturelle non damée)
Statistiquement, le fait que ces 3 saisons sur 10 deviennent la règle une saison sur 2 n’est pas limitant ni catastrophique pour le ski à La Rosière.
À l'altitude de la station (1850 mètres), la durée d'enneigement est légèrement inférieure à 120 jours en scénario RCP8.5 ou RCP4.5. Avec l'apport de neige de culture, la durée d'enneigement reste largement supérieure à la période d'ouverture de la station (120 jours).
Figure ci-dessus : Nombre de jours pendant lesquels la pratique du ski sera possible sur le domaine considéré, pour l'altitude du village de La Rosière (1850 m).
• Sans neige de culture : 47 jours de ski seront par rapport aux 82 jours actuellement.
• Avec neige de culture : le ski pourrait être possible 4 mois dans l’hiver
Le déploiement d’un réseau de neige de culture pose d’autres questions (ressources en eau, acceptation sociale…), sans réponse à ce jour.
Figure ci-dessus : Nombre de jours pendant lesquels la pratique du ski sera possible sur le domaine considéré, pour l'altitude minimum de La Rosière.
Les périodes de froid se feront de plus en plus rares sur l'avant saison d'ici le milieu du siècle. Toutefois, CLIMSNOW® indique que La Rosière disposera en 2050 des créneaux de froid nécessaires à la production de neige de culture (réseaux existants + projets envisagés).
Cependant, l’étude CLIMSNOW® ne tient pas compte de la ressource en eau.
Pour produire la neige à La Rosière, l’eau est captée dans une conduite de l’installation hydro-électrique de La Bathie-Roselend. Cette conduite permet d’acheminer l’eau jusqu’au barrage de Roselend, depuis le vallon de Mercuel à Sainte Foy Tarentaise. De Roselend, l’eau est emmenée à la centrale électrique de la Bathie. L’eau captée par le domaine skiable dans cette conduite est acheminée dans une première salle des machines (SDM1). Celle-ci va réguler l’adduction d’eau vers l’usine du Plan de l’Arc (SDM2).
C’est ici que les automatismes vont distribuer l’eau sous pression dans tout le réseau, ainsi que l’air comprimé.
À ce jour, La Rosière ne dispose pas de retenue collinaire pour stocker l’eau.
CLIMSNOW® indique qu’il y a trop de variabilité (suivant les scénarii RCP de réchauffement) dans les résultats pour une échéance aussi lointaine. Dans un monde moderne, pour une station de ski, nous avons besoin de certitudes à horizon 30 ans (durée d’amortissement des investissements).
La fin du siècle reste une échéance trop lointaine. Par contre, nous devons mener les actions dès à présent (réduction des émissions de gaz à effet de serre) pour éviter les pires des scénarii de réchauffement climatique.
Nos actes, ainsi que ceux du reste de l’humanité, ont un impact sur le réchauffement climatique en 2100. Nous devons agir dès aujourd’hui pour limiter l’augmentation des températures à la fin du siècle.
Un monde en 2050 sur une tendance de réchauffement climatique à +4.5C est un monde où le sujet du ski n’est malheureusement plus central dans nos vies. D’autres problèmes se poseront à l’humanité (famine, sécheresse, inondation…). Par conséquent, en tant que station de ski et domaine skiable, nous devons déployer tous les efforts nécessaires pour réduire nos gaz à effet de serre afin de faire notre part dans le travail collectif et pour s’éloigner autant que faire se peut de ce scénario le plus pessimiste à +4.5C.
Même dans ce monde, en 2050, le ski restera possible à La Rosière. A l’altitude de la station (1850m) et pour obtenir une saison de ski en moyenne de plus de 4 mois, le recours à la neige de culture sera nécessaire. A l’altitude moyenne du domaine (2115m), la neige naturelle sera suffisante pour une saison de ski de 4 mois.
Vous êtes un professionnel de la montagne, un journaliste, un chercheur ?
Vous pouvez nous contacter à dsr@dsr-larosiere.com pour solliciter auprès de nous la synthèse de l'étude CLIMSNOW®.
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